lundi 20 octobre 2008

Les exploits de Lindbergh cachés sous le lino

Charles Lindbergh et son Spirit of St.Louis.

Si vous connaissez les aventures de Tintin, vous vous souvenez sans doute de cet épisode du Temple du Soleil dans lequel Tintin retrouve dans sa poche, comme par hasard, un morceau de papier journal sur lequel il y a un article qui annonce une éclipse. Grâce à cette découverte, il va faire croire aux Incas qu'il commande au soleil et sera libéré avec ses amis. On adore Hergé, mais on se dit qu'il pousse le bouchon du hasard un peu loin...


Hé bien, il vient de m'arriver une histoire un peu dans le même genre. Mais je vous rassure: ma vie n'a pas été en danger pour autant. J'ai trouvé aux puces le livre que Charles Lindbergh a écrit pour raconter sa traversée de l'Atlantique en 1927: 33 Heures pour Paris. Ce livre est passionnant: il raconte comment il a fait construire son monomoteur, le Spirit of St. Louis, puis il décrit la traversée hallucinante, cramponnant son manche à balai durant 33 heures 30 pour finalement se poser sur l'aéroport du Bourget.



Il se trouve que ma sœur est en train de remettre à neuf la maison familiale. En enlevant le très vieux linoléum de l'ancienne chambre à coucher de notre pépé, elle a découvert des kilos de journaux étalés entre le plancher et le lino. Et, je vous le donne en mille, ces journaux datent, comme par hasard, des années 1926, 27 et 28! Ma fille (qui se destine à devenir documentaliste) les a patiemment triés et époussetés pendant plusieurs jours. On peut ainsi y lire les préparatifs du vol. On peut aussi assister à la disparition de Coli et Nungesser qui tentaient la traversée Paris-New York. Les éditions des 22 et 23 mai de la Feuille d'Avis de Lausanne et de la Tribune de Lausanne consacrent des pleines pages à l'exploit du jeune pilote "suédois, bien que revendiqué par l'Amérique".

Le livre de Lindbergh posé sur l'article d'époque.

Je cite la Tribune de Lausanne du 22 mai 1927:

Par téléphone de notre correspondant particulier:

... Soudain, un cri s'élève: Le voici!
On croit tout d'abord à une plaisanterie. Mais des applaudissements frénétiques éclatent. C'est lui! Il est 10 heures 20 minutes. Un avion apparaît. Il survole l'aérodrome, et gracieusement se pose. Le raid New York-Paris est réalisé. La traversée de l'Atlantique est accomplie après 32 heures de vol dans les conditions les plus hasardeuses, que les compatriotes de l'aviateur taxaient de folle témérité... La foule se précipite et passe sous les barrages. On aperçoit l'aviateur sortir de sa carlingue. Il est extrêmement ému, mais souriant tout de même. Des mains se tendent. L'ambassadeur est-il devant lui? L'a-t-il embrassé, ainsi qu'on l'a dit? Nul ne le voit plus. On n'aperçoit que des bras, des mains et des chapeaux levés...

J'aime bien ce genre de coïncidences: elles me font pardonner celles des auteurs comme Hergé ou Léo Malet, qui est un spécialiste en la matière.

Je suis naturellement enthousiaste quant à cet exploit extraordinaire, mais il faut mentionner ici les prises de position scandaleuses que Lindbergh a eues plus tard en faisant ami-ami avec les nazis, en particulier avec Hermann Gœring. J'ai été frappé de voir qu'il n'existe aucune réédition de son livre, ce qui pourrait s'expliquer par un boycott prolongé de la part des maisons d'édition.

P.S: Dans ces journaux de 1927, on peut aussi lire que Sacco et Vanzetti ont été exécutés dans la nuit du 22 au 23 août. Mais eux, on ne peut pas les soupçonner de sympathie avec les nazis...

Quand j'étais djeune, j'ai enregistré une chanson qui leur est consacrée, sur des paroles de Woody Guthrie et sur les trois accords que je savais jouer:

Sacco & Vanzetti (mp3)



6 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà une petite chanson que les amis des ennemis des nazies adoraient siffloter, sur l'air du Pont de la Rivière Kwai :

"Hitler has only just one ball
Goebbel's are really very small
Himmler's are very similar
and poor Goering has no ball at all."

Et j'adore ton histoire de papier journal retrouvé en-dessous du lino.

Caplan a dit…

Très jolie, la petite comptine !Tu connais des chansons paillardes, toi??

Pour la découverte des journaux, c'est effectivement une jolie histoire. Hé! Et c'est une histoire VRAIE! ;-)

Anonyme a dit…

Original en effet ;-).

Sinon pour ce qui est des accointances nazies de lindbergh, se souvenir qu'il a travaillé avec un certain Alexis Carrel (prix nobel de médecine) qui lui aussi a pas mal devié

Anonyme a dit…

Et pour preciser il a travaillé sur la mise au point du coeur artificel au Rockfeller Institute dans les années 30.

Pour ceux que ca interresse : "Lindbergh and the biological science. R.J. Bing. Texas Heart Institute Journal; vol 14, No3, sept 1987

et oui mon bureau n'est pas si mal rangé que ca j'ai retrouve l'article en qq mn ;-)

Caplan a dit…

Merci!

Qui a osé prétendre que ton bureau est mal rangé? ;-)

Anonyme a dit…

Bonjour,

Quelle jolie coïncidence et quelle belle découverte.
Je suis tombée sur votre blog en cherchant des infos sur "33 heures pour Paris" de Lindbergh. Je suis traductrice et je traduis en ce moment un roman qui cite un extrait des mémoires de Lindbergh. Comme ce livre est difficile à trouver, je me demandais si vous accepteriez de m'aider en m'envoyant une copie de cet extrait en français ?
Mon adresse mail est axelle.demoulin(a)gmail.com
D'avance, merci