vendredi 28 mars 2008

Le saviez-vous? Le canon à tomates de Fantin Briquet

Les fantômes sont dans de beaux draps, de Jules-François Jappeau.

Fantin Briquet imagina sa machine au début du mois de septembre 1939, après la première représentation de la pièce Les fantômes sont dans de beaux draps, de Jules-François Jappeau. Le théâtre de la Fosse Commune avait pour habitude de donner leur chance à des auteurs inconnus, qui le sont d'ailleurs tous restés.

Ce soir-là, Fantin assista à la pire représentation qui lui ait été donné de voir. Prudent, il avait pris une place bon marché au dernier rang. Au début du deuxième acte, il se décida à lancer des tomates sur la scène. Mais, sa faible constitution aidant, il ne réussit à atteindre que les premiers rangs du public avec ses légumes. Les malheureux destinataires, qui cherchaient eux-aussi un dérivatif pour tromper leur ennui, se précipitèrent sur le pauvre Fantin et le passèrent à tabac.

Rentré chez lui, il inventa un appareil capable de lancer des tomates depuis le fond de la salle jusque sur la scène. Il se précipita dans son atelier et réalisa un premier prototype. La difficulté était de propulser les tomates assez fort, mais sans les faire éclater. Il fit breveter un réceptacle en caoutchouc naturel qui donna toute satisfaction. Il se réjouissait d'assister à la prochaine pièce du théâtre de la Fosse Commune pour tester sa machine, mais la deuxième guerre mondiale fut déclarée. Les représentations furent annulées et les tomates vinrent à manquer. Fantin fut mobilisé et, après la "drôle de guerre", il fut fait prisonnier sans avoir pu tirer un seul coup, son canon s'étant ironiquement enrayé à la première escarmouche.

A la Libération, il ne retrouva pas son canon à tomates qui avait été fondu pour en faire des blindages. Dégoûté, il renonça à aller au théâtre et se rabattit sur le cinéma, où il eut tôt fait d'inventer un aspirateur à pop-corn. Mais, comme la consommation de pop-corn n'était pas encore très fréquente à cette époque, il mourut dans la misère, incompris et amer. Le saviez-vous?

2 commentaires:

François Cuneo a dit…

Il est des gens formidables dont le destin les voue à rester dans l'ombre, alors qu'il aurait suffi d'un rien pour qu'ils soient des héros.

Cela dit, sais-tu si il avait fait les plans ou réalisé un canon version sac à dos? parce que là, ça me semble bien gros tout de même, pour amener dans une salle sans se faire repérer.

Cela dit, j'avais un Canon à tomates, je suis passé sur Nikon à tomates.

J'en suis super-content. Son viseur est exceptionnel, et permet de toucher sa victime à coup sûr sur la partie du visage désirée.

Caplan a dit…

Oui, François. Fantin était un précurseur. Aucun doute qu'aujourd'hui on serait capables de faire un appareil de taille plus réduite...