En ce moment, je régresse. J'aime bien régresser de temps en temps. Par exemple, en lisant de vieilles BD que je n'avais plus ouvertes depuis 20 ans. Ou alors, en lisant un bon San-Antonio de la bonne époque, c'est-à-dire des années 50 et 60. Après, le copain Frédéric Dard s'est mis à fumer la moquette et ses histoires m'ont moins plu.
Il se trouve que j'ai trouvé aux puces quelques volumes des œuvres complètes du fameux commissaire. J'ai donc repris la lecture de "Les doigts dans le nez", une histoire dans laquelle ne figure pas encore Bérurier et dans laquelle Pinaud fait un bref passage au début. Y a pas à dire: j'adore la façon d'écrire de Frédéric Dard et je ne m'en lasserai jamais! Voici un passage de ce chef-d'œuvre:
Il se trouve que j'ai trouvé aux puces quelques volumes des œuvres complètes du fameux commissaire. J'ai donc repris la lecture de "Les doigts dans le nez", une histoire dans laquelle ne figure pas encore Bérurier et dans laquelle Pinaud fait un bref passage au début. Y a pas à dire: j'adore la façon d'écrire de Frédéric Dard et je ne m'en lasserai jamais! Voici un passage de ce chef-d'œuvre:
"Je franchis le portail ouvert à double battant. Justement y a enterrement dans le patelin. Le cimetière est envahi par ce que les journaleux appellent une foule nombreuse. Une boîte en sapin est déposée au bord d'une tombe ouverte et un peigne-cul aux subjonctifs défaillants fait le panégyrique de son occupant. C'est la grosse vente réclame de salades saisonnières... L'instant bref et inévitable où le disparu passe pour un saint. On profite de ce que les assistants ont le traczir de la grande faucheuse pour déverser de l'épithète choisie avec un camion-benne. Après, chacun regagnera son chez soi, son bistrot, son pied-à-terre, ses habitudes et recommencera à se dire que l'enterré de frais n'était après tout qu'un puant et un va de la gueule, un pauvre mec, un vicelard et que ça lui fait les pinceaux d'être cané après avoir passé des lustres à faire pleurer les noix de ses contemporains."
Vous pigez, les aminches? Pour vous remettre la boîte à idées en état de marche, moulez vos bouquins de philosophie et ligotez plutôt un bon San-A de derrière les fagots!
Tout savoir sur San-Antonio sur Wikipédia.
Tout savoir sur San-Antonio sur Wikipédia.
6 commentaires:
Trop fort San A.
J'aimais bien aussi les illustration de ces livres de poche, la couleur du papier (devenue brune avec le temps) et son odeur…
Tout un poème, que dis-je, une madeleine de Proust !
Une madeleine de Proust! Je n'osais pas le dire, mais dans mon cas, c'est exactement ça! Ah, quels bons moments j'ai passés avec San-A, Béru et Pinuche!
Moi ça me pose un réel problème de vocabulaire. J'ai besoin d'une telle concentration pour traduire que je souffre un peu!
C'est "panégyrique" qui te dérange? ;-)
Sinon, tu ne vas pas me dire que tu ne comprends pas: "On profite de ce que les assistants ont le traczir de la grande faucheuse pour déverser de l'épithète choisie avec un camion-benne."? ;-))
Entièrement d'accord avec tous ces commentaires! Par contre, je trouve que le verbe "régresser" n'est pas adapté lorsqu'on parle de la lecture de San-Antonio... Certains auteurs s'écoutent parler,ils se regardent le nombril, s'auto-félicitent de ne plus comprendre ce qu'ils écrivent; San-Antonio, c'est à ses lecteurs qu'il s'adresse, il rompt la distance entre lui et son public ! Après, on peut toujours discuter du fond, du message que Dard nous transmet à travers ses books (comme il dit), et là encore, en lisant entre les lignes, un bon San-A vaut largement d'autres oeuvres qualifiées à tort de "littéraires". Voilà pour la défense du commissaire ! :-)
D'accord avec toi, Camille. Quand je dis "régresser", je parle de moi, c'est-à-dire que je parle de mes premières lectures. En ce qui me concerne j'étais plus San-A que Alain-Fournier, si tu vois ce que je veux dire... ;-)
Enregistrer un commentaire